1.1 L'approche participative en recherche, qu'est-ce ?

L’approche participative en recherche est centrée sur la collaboration et l'implication des personnes directement concernées par le sujet d'étude. Au lieu d'être simplement des sujets passifs de la recherche, elles sont activement engagées à toutes les étapes, de la formulation de la question de recherche jusqu'à la diffusion des résultats. Cette approche ne se limite pas uniquement à la collecte de données.

Différents termes sont utilisés pour décrire cette méthodologie, tels que recherche participative, recherche-action, ou recherche partenariale. Bien que leurs définitions puissent varier et que les frontières entre ces termes restent parfois ambiguës, le fil conducteur est la collaboration. Il y a une évolution notable dans le milieu universitaire vers une intégration plus étroite de la recherche et de l'action, dans le but de co-produire des connaissances.

John Dewey (1903-1967) est souvent cité comme précurseur de cette approche, promouvant l'idée que chaque individu ou groupe détient un savoir intrinsèque utile pour résoudre ses problèmes. En 2017, la charte française des sciences et recherches participatives a consolidé cette vision, en décrivant ces recherches comme impliquant activement des acteurs civils dans la production de connaissances scientifiques, tout en veillant à maintenir la rigueur méthodologique.

1.2 L'importance de l'approche participative : quelques exemples

L'approche participative en recherche a gagné en popularité ces dernières années, reflétant une prise de conscience accrue de la nécessité d'inclure la parole et l’expérience de celles et ceux directement concernés par le sujet d'étude.

Au-delà de la simple collecte de données, cette méthode engage activement ces personnes tout au long du processus, assurant ainsi la pertinence des résultats et valorisant les savoirs endogènes. De plus, elle conduit à une meilleure adhésion de la communauté aux résultats obtenus. À travers divers exemples, nous illustrerons la valeur ajoutée de cette approche dans différents domaines de recherche.

1.2.1 Améliorer les conditions de travail des travailleuses et travailleurs du sexe

Stéphane Rullac, éminent professeur à la Haute école de travail social et de santé de Lausanne (HETSL), met en avant l’importance de la recherche partenariale pour favoriser l'innovation sociale. Jenny Ros, par ses travaux, illustre parfaitement ce point de vue. Elle se penche sur les conditions de travail des professionnel(le)s du sexe dans le canton de Vaud, en Suisse. Grâce à une recherche-action participative, elle collabore avec une association dédiée au soutien des travailleuses et travailleurs du sexe.

Ce travail révèle plusieurs défis majeurs auxquels sont confrontées ces professionnel(le)s :

• Une infrastructure limitée pour la prostitution légale,
• Les négociations souvent complexes avec les clients concernant des pratiques à risque,
• Des violences, qu'elles soient verbales ou physiques, qui sont malheureusement courantes,
• Et les interactions parfois tendues avec les forces de l'ordre.

Face à ces constats, Jenny Ros et les travailleuses et travailleurs du sexe élaborent une stratégie environnementale visant à réduire ces risques.

1.2.4 Le mieux être paysan.nes proposé par la Boutique des sciences

Ce projet sur le bien-être des paysans n’a pas le même format que les autres puisqu’il est produit par une étudiante ou un étudiant en master grâce à la Boutique des sciences. La Boutique des Sciences est un concept qui crée un pont entre la recherche universitaire et les citoyens. C'est un espace d'échanges où les préoccupations des citoyens, des associations ou des institutions locales peuvent être transformées en véritables projets de recherche.

Pour avoir plus : Découvrir la boutique des sciences de l’Université Lyon 2 : https://www.univ-lyon2.fr/sciences-et-societe/boutique-des-sciences

Enquête exploratoire sur le « bien-être » des agriculteur.trices. Stage de la Boutique des Sciences de l’Université Lumière Lyon, financé par le dispositif ComeSup de la Région Auvergne Rhône-Alpes en 2022.

Cette première partie vise à montrer que l’approche participative repose sur l’idée selon laquelle chaque individu ou groupe possède une richesse de connaissances intrinsèques qui, lorsqu'elles sont bien exploitées, peuvent grandement enrichir le domaine de la recherche comme celui de la société. Les exemples présentés, que ce soit l'étude sur les conditions de travail des travailleuses et travailleurs du sexe, le bien-être des seniors ou l'exploration des changements urbains par la jeunesse, montrent clairement la valeur ajoutée de cette approche. Chacune de ces études, en mettant les concernés au cœur du processus, a révélé des perspectives qui auraient pu rester cachées dans des approches plus traditionnelles. De plus, avec des initiatives innovantes comme la Boutique des Sciences, la barrière entre les citoyens et le monde académique est davantage réduite, ouvrant la porte à des collaborations qui reflètent les préoccupations réelles des personnes. Ainsi, l'approche participative ne se limite pas à une simple méthodologie, elle incarne une vision de la recherche qui est à la fois inclusive, évolutive et profondément ancrée dans les réalités vécues.