Résumé de section

  • Cette auto-formation est une introduction à la Science Ouverte. Elle permet de définir le terme et les différents enjeux liés à la Science Ouverte (libre accès, données de la recherche, nouvel écosystème de recherche).

    Objectifs :

    • Comprendre ce qu’est l’Open Science / la Science Ouverte
    • Découvrir l'Open Access et l'Open Research Data
    • Appréhender les services et les outils associés
    • Se familiariser avec les enjeux de l’Open Science

    Plan :

    1. Définition et objectifs de la Science Ouverte
    2. Libre accès aux publications scientifiques
    3. L'ouverture des données de la recherche
    4. Code source, algorithme et logiciels

    Cette auto-formation est en libre accès et ne requiert aucune connexion.

    Auteur(s) / Formateur(s): Amélie Barrio - Urfist Occitanie, Chloée Fabre - SCD UT2J, Roxane Mauillon - SCD UT2J
    Production cours: Lucas Ricroch - Urfist Paris
    Date de publication: 25 novembre 2021
    Mise à jour: 4 mars 2024
    Durée estimée: 1 heure
    Licence: CC BY-NC-SA
    Citation: Barrio, A., Fabre, C., & Mauillon, R. (2021). La Science Ouverte, une introduction (Version 2). Callisto.
    DOI: https://doi.org/10.60538/INTRODUCTION_SCIENCE_OUVERTE
    Open badge: Non
    Catalogue: Non
    • Science Ouverte : définition et enjeux


      La Science Ouverte peut être définie de deux façons : selon le 1er Plan national pour la Science Ouverte (2018) comme la diffusion sans entrave des publications et des données de la recherche ;
      La science ouverte est la diffusion sans entrave des publications et des données de la recherche

      Selon FOSTER, comme un mouvement sur de nouvelles façons de faire de la recherche. Cette définition permet de visualiser les différentes "briques" qui composent la Science Ouverte comme nouvel écosystème de recherche.
      carte mentale de la science ouverte

      Ces différentes briques permettent de comprendre les enjeux liés à la Science Ouverte :

      - le libre accès aux publications scientifiques, dont le modèle économique d'accès reste à négocier avec les éditeurs scientifiques ;

      - le libre accès aux données et produits de la recherche, dont la propriété est parfois difficile à trancher ;

      - la reproductibilité de la recherche, pour intégrer les pratiques éthiques et intègres de la recherche ;

      - l'évaluation de la recherche, pour sortir des injonctions paradoxales faites aux chercheurs entre intérêts de carrière et intérêts généraux de la science ;

      - les politiques de Science Ouverte à l'échelle internationale, nationale et locale ;

      - les outils pour favoriser la Science Ouverte comme les plateformes de revues, les archives ouvertes et les entrepôts de données.

    • En novembre 2021, l'UNESCO a fait adopter à l'unanimité de ses 193 membres une recommandation sur la Science Ouverte définissant celle-ci comme "un concept inclusif qui englobe différents mouvements et pratiques visant à rendre les connaissances scientifiques multilingues, librement accessibles à tous et réutilisables par tous, à renforcer la collaboration scientifique et le partage des informations au profit de la science et de la société, ainsi qu’à ouvrir les processus de création, d’évaluation et de diffusion des connaissances scientifiques aux acteurs de la société au-delà de la communauté scientifique traditionnelle. Elle inclut toutes les disciplines scientifiques et tous les aspects des pratiques savantes, y compris les sciences fondamentales et appliquées, les sciences naturelles et les sciences sociales et humaines, et repose sur les piliers essentiels suivants: les connaissances scientifiques ouvertes; les infrastructures de la science ouverte; la communication scientifique; la participation ouverte des acteurs de la société; et le dialogue ouvert avec les autres systèmes de connaissances."

      Source : https://www.ouvrirlascience.fr/recommandation-de-lunesco-sur-une-science-ouverte/



      Source : Vers une recommandation de l'UNESCO sur la science ouverte

      La chronologie ci-dessous permet de retracer la genèse de ces différentes briques avant d'aborder les enjeux liés à l'accès aux publications scientifiques.

    • Chronologie Science Ouverte







    • Processus de publication

      La diffusion de résultats de recherche passe très souvent par la rédaction d’un article scientifique. Le chercheur peut ainsi faire connaître ses recherches et y associer son nom. Publier un article scientifique ne se réduit pas à l’étape de la rédaction qui n’est qu’une partie du processus de publication. En effet, l’article va être soumis à un éditeur qui le transmettra à un comité de lecture. Il devra alors être éventuellement corrigé par l’auteur avant publication définitive. Tout au long de ce processus, l’article change de forme mais aussi de statut.



      Zoom sur le circuit de publication par Magalie Le Gall en sketchnote. https://www.flickr.com/photos/131896028@N07/40494111840



    • Écosystème des publications scientifiques

      La Science Ouverte a fait évoluer la publication scientifique et aujourd’hui plusieurs modèles de publication coexistent dans le paysage éditorial scientifique.




    • Bibliodiversité

      Un collectif français de chercheurs et de professionnels de l’édition scientifique lance l’Appel de Jussieu pour la Science Ouverte et la bibliodiversité. Son but est d’élaborer et de mettre en œuvre des modèles alternatifs adaptés aux objectifs de la Science Ouverte en affirmant la nécessité de soutenir l’innovation pour une rénovation profonde des fonctions éditoriales.


      Le terme « bibliodiversité », inspiré de la notion de biodiversité, fait référence à la pluralité des acteurs de l’édition et à l’invention de modèles d’édition innovants concernant les publications mais aussi les livres.

      L’appel de Jussieu préconise que la communauté scientifique reprenne le contrôle du système éditorial, afin de développer un écosystème de la publication scientifique basé sur les principes de l’accès ouvert, de l’intégrité scientifique et de la transparence des coûts financiers :

      « L’accès ouvert doit s’accompagner d’un soutien à la diversité des acteurs de la publication scientifique – la bibliodiversité – qui mette fin à la domination par un petit nombre d’entre eux dictant de ce fait leurs conditions aux communautés scientifiques. […]. Notre but est donc d’élaborer et de mettre en œuvre des modèles alternatifs adaptés aux objectifs de la science ouverte en affirmant la nécessité de soutenir l’innovation pour une rénovation profonde des fonctions éditoriales. »

      Le deuxième Plan national pour la Science Ouverte, publié en juillet 2021, présente plusieurs mesures afin de « construire la bibliodiversité » en soutenant notamment :

      • La diversification des modèles économiques permettant la transition de l’abonnement vers l’accès ouvert sans frais de publication,
      • Les modèles économiques d’édition en accès ouvert sans frais de publication, ni pour les auteurs, ni pour les lecteurs (modèle « diamant »),
      • Les innovations éditoriales : prépublications, évaluation ouverte par les pairs, articles exécutables (Jupyter notebooks), articles de données (data papers), overlay journals, etc.

    • Les données de la recherche, une définition ?

      Il existe différentes définitions des données de la recherche, vous retrouvez ci-dessous les éléments essentiels qui composent les définitions institutionnelles des données de la recherche au niveau européen et international :



      Focus sur la définition donnée dans le Plan pour la Science Ouverte du 04 juillet 2018 :

      « Enregistrements factuels (chiffres, textes, images, son, vidéo) utilisés comme sources primaires pour la recherche et qui sont habituellement acceptés pas la communauté scientifique comme étant nécessaire pour valider les résultats de la recherche. »

      De manière plus détaillée, les données de la recherche recouvrent les éléments :




    • Les données de la recherche : quels enjeux ?

      De nouvelles exigences et opportunités pour le chercheur
      • Le 2ème Plan National pour la Science Ouverte se déploie selon 4 axes. Le deuxième, qui concerne les données, oblige notamment les projets financés sur fonds publics à diffuser ouvertement leurs données selon le principe "aussi ouvert que possible, aussi fermé que nécessaire" et les plans de gestion de données sont généralisés.
      • Le partage des données peut être une condition pour l’obtention du financement de projets scientifiques. Par exemple, pour obtenir un financement dans le cadre d’Horizon Europe, il est nécessaire de rédiger un plan de gestion des données et de diffuser a minima les métadonnées inhérentes aux données générées dans son projet.
      • Pour la publication d’un article, certains éditeurs recommandent, voire exigent, l’accès aux données. Par exemple, l’éditeur PLOS ONE oblige les auteurs d’un article à rendre accessibles toutes les données sous-jacentes aux résultats rapportés dans l’article soumis.
      • Les chercheurs peuvent mieux promouvoir leurs recherches et être cités, car les données rentrent dans le processus d’édition scientifique (dépôt de données, publication de data papers).

      De nouvelles perspectives pour la science
      • Rendre ses données disponibles offre une meilleure garantie contre la fraude scientifique
      • Partager ses données nécessite d’adopter de bonnes pratiques de gestion des données (décrire les données, les documenter, les pérenniser…) ce qui améliore la qualité du travail de recherche.
      • Le coût engendré par la création, la collecte, le traitement des données peut être très élevé. Réutiliser des données déjà existantes plutôt que de les recréer permet de rentabiliser la recherche, d’accélérer l’innovation et le retour sur investissement dans la Recherche et Développement.
      • La constitution de bases de données permet la fouille de données (Text and Data Mining), de les extraire, de les recouper et d’en construire des visualisations. Ces nouveaux procédés facilitent l’initiative de nouvelles recherches et leur interdisciplinarité.
      • Le déluge des données numériques (Big Data) impacte la manière de faire de la recherche scientifique. On parle de Data Driven Science, une démarche qui automatise les découvertes en exploitant la puissance des ordinateurs pour trouver des corrélations parmi de grandes quantités de données.

      Un meilleur retour pour la société
      • Les recherches financées par l’argent public doivent pouvoir bénéficier à tous : ouvrir les données rend la recherche plus transparente, renforce la confiance des citoyens et leur permet de s’impliquer (dans le cadre des sciences participatives par exemple).
      • Les données générées par l’Open Data et le Big Data offrent un terrain d’exploitation à la recherche scientifique, qui en retour peut éclairer la société sur ses évolutions les plus récentes.

      Gérer les données de la recherche : quels enjeux ?




    • Les plans de gestion de données

      Le Data Management Plan ou Plan de gestion de données est un document synthétique qui aide à organiser et anticiper toutes les étapes du cycle de vie de la donnée. Il explique pour chaque jeu de données comment son gérées les données d’un projet, depuis leur création ou collecte jusqu’à leur partage et leur archivage :

      • Suivant un calendrier : le PGD est un document évolutif. Des mises à jour et des livrables précis peuvent être définis selon le financeur et/ou projets
      • Au moyen d’outils : des outils existent pour aider dans la production de PGD comme DMP OPIDoR

      Un PGD peut être établi aussi bien dans une optique de partage des données que pour des données en accès restreint ou fermé, total ou partiel. Le PGD mentionnera dans ce cas les raisons de non partage.

    • L’ouverture et la promotion des codes sources produits par la recherche sont en effet au cœur du deuxième Plan national pour la Science Ouverte publié en juillet 2021.

      En effet, l’utilisation des logiciels intervient à toutes les étapes de la recherche, dans tous les domaines scientifiques, et se révèle essentielle. Pour reproduire une expérience, il est indispensable de connaître avec exactitude la version du logiciel employé.

      Software Heritage et HAL vous assurent ainsi l’archivage pérenne et l’accessibilité des codes sources en libre accès tout en gérant les versions.



    • La Déclaration de San Francisco sur l’évaluation de la recherche (San Francisco Declaration on Research Assessment, DORA, 2012) et le Manifeste de Leiden (2015) visent à améliorer les pratiques d’évaluation des activités de recherche, alertant notamment sur le mauvais usage de certains indicateurs bibliométriques.

      Déclaration de DORA

      Afin de répondre à la question de l'amélioration des méthodes d’évaluation des résultats de la recherche scientifique par les agences de financement, les établissements d’enseignement et de recherche, un groupe de rédacteurs en chef et d’éditeurs de revues savantes s’est réuni à San Francisco en Californie le 16 décembre 2012, dans le cadre du congrès annuel de l’American Society for Cell Biology (ASCB). Ce groupe a élaboré un ensemble de recommandations, désormais appelé « Déclaration de San Francisco sur l’évaluation de la recherche ».

      Ces recommandations s’articulent autour d’un certain nombre de sujets :

      • la nécessité de mettre un terme à l’utilisation d’indicateurs basés sur les revues, comme les facteurs d’impact, dans le financement, les nominations et les promotions ;
      • celle d’évaluer la recherche sur sa valeur intrinsèque plutôt qu’en fonction de la revue où elle est publiée ;
      • celle encore d’exploiter au mieux les possibilités offertes par la publication en ligne (comme la levée de restrictions inutiles sur le nombre de mots, de figures et de références dans les articles et l’exploration de nouveaux indicateurs d’importance et d’impact).



      • En février 2024, 21 480 personnes et 3 095 organisations dans 165 pays ont signé DORA.
      • En France, 1352 personnes et 88 organisations ont signé cette déclaration.


      Manifeste de Leiden

      Le Manifeste de Leiden pour une meilleure utilisation des indicateurs d'évaluation de la recherche est une liste de «dix principes pour guider l'évaluation de la recherche», publiée sous forme de commentaire dans le volume 520, numéro 7548 de Nature , le 22 avril 2015.


      Un accord pour la réforme de l'évaluation européenne de la recherche (CoARA)

      Annoncée le 20 juillet 2022, la version finale de l’accord pour la réforme de l’évaluation de la recherche a été présentée lors d’une assemblée des différentes parties prenantes regroupant plus de 350 organisations de plus de 40 pays parmi lesquelles se trouvent de nombreux établissements français. L’accord est le résultat d’un travail de co-rédaction mené par l’European University Association, Science Europe et la Commission européenne.

      L’accord définit une orientation commune pour modifier les pratiques d’évaluation de la recherche, des chercheurs et des organismes de recherche, l’objectif principal étant de maximiser la qualité et l’impact de la recherche. Ainsi, l’accord comprend les principes, les engagements et le calendrier des réformes et définit les principes d’une coalition d’organisations désireuses de travailler ensemble à la mise en œuvre des changements. Cette nouvelle coalition se nomme CoARA.

      Les 4 principaux engagements :

      1. Reconnaître la diversité des contributions à la recherche et des carrières dans la recherche, conformément aux besoins et à la nature de la recherche ;
      2. Fonder l’évaluation de la recherche principalement sur une évaluation qualitative pour laquelle l’examen par les pairs est central, soutenu par une utilisation responsable d’indicateurs quantitatifs ;
      3. Abandonner les utilisations inappropriées dans l’évaluation de la recherche des mesures basées sur les revues et les publications, en particulier les utilisations inappropriées du facteur d’impact des revues (JIF) et du h-index ;
      4. Éviter l’utilisation des classements des organismes de recherche dans l’évaluation de la recherche.

      L’accord est soumis à signature à partir du 28 septembre 2022. Les organismes impliqués dans l’évaluation de la recherche, basés en Europe ou ailleurs, sont encouragés à le signer et à rejoindre ensuite la coalition.

      La publication de cet accord s’inscrit dans un mouvement global dans lequel on compte plus d’une dizaine d’initiatives comme récemment l’Appel de Paris sur l’évaluation de la recherche ou les conclusions du Conseil sur l’évaluation de la recherche et la mise en œuvre de la science ouverte.

    • L'Open Peer Review : nouvelle méthode d'évaluation ouverte par les pairs

      En parallèle de ce mouvement de réforme des indicateurs d'évaluation de la recherche, de nouvelles méthodes d'évaluation ouverte des productions scientifiques apparaissent autour de l'Open Peer Review ou évaluation ouverte par les pairs.
      Celui-ci prend le contrepied du traditionnel Blind peer review (évaluation à l'aveugle) dans lequel les auteurs et évaluateurs ignorent leurs identités respectives. A l'inverse, l'Open Peer Review offre la possibilité de connaitre les identités des auteurs et évaluateurs et de rendre public les rapports et échanges entre les acteurs directement sur la plateforme de l'éditeur (exemple PLOS). Cela permet de rendre plus transparent le travail des évaluateurs, de prévenir les conflits d'intérêts et de valoriser le temps consacrer à l'évaluation des articles.

      politique d'évaluation ouverte de l'éditeur PLOS


































      Certains serveurs de pre-prints permettent également de commenter les documents déposés, ce qui peut être
      considéré comme une forme d'Open Peer Review. (Preprints.org par exemple)

      visuel de la plateforme preprints.org et notamment la possibilité de commenter les preprints mis en ligne.


      Autre initiative intéressante, celle de Peer Community In (PCI) depuis 2017 qui propose par discipline un service de recommandation de pre-prints basées sur des évaluations par les pairs. Depuis 2021, ces articles recommandés peuvent être publiés dans la revue Peer community journal ou dans d'autres revues, notamment des épi-revues.

      politique de publication d'article recommandé par PCI























      Enfin, l'évaluation ouverte peut être proposée en post-publication pour certaines revues qui rendent visibles les rapports et offrent la possibilité d'annoter un article publié et d'afficher les commentaires directement sur l'article (exemple de la revue e-life et outil Hypothes.is). C'est également le rôle de la plateforme PubPeer, avec la limite toutefois de pouvoir proposer des contributions anonymes. Les discussions autour de certains articles sur PubPeer entrainent parfois la rétractation de l'article, suivi par le collectif Retraction Watch.  

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