- Valorisation numérique de collections cartographiques : du traitement à la diffusion
- Quel traitement documentaire du fonds cartographique ?
Quel traitement documentaire du fonds cartographique ?
Résumé de section
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Le traitement documentaire est une étape fondamentale dans la gestion et la valorisation des collections cartographiques, permettant d'identifier, d'organiser et de décrire précisément chaque document. Nous abordons ici l'identification des ensembles cartographiques, la description des métadonnées spécifiques et l'application des normes adaptées aux documents cartographiques.
15 minutes de lecture
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Le traitement documentaire est un ensemble d'opérations effectuées sur un document (ou une collection de documents) pour les décrire, les analyser et les organiser de manière à faciliter leur identification, leur recherche et leur utilisation.
Il comprend généralement les étapes suivantes :
- Catalogage : description bibliographique du document (titre, auteur, date, etc.).
- Indexation : attribution de mots-clés ou de codes pour décrire le contenu du document.
- Classification : organisation des documents selon un système de classement prédéfini.
- Analyse documentaire : résumé ou synthèse du contenu du document.
- Gestion des métadonnées : enregistrement d'informations supplémentaires sur le document (format, taille, droits d'auteur, etc.).
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Le traitement documentaire des collections cartographiques inclut des éléments spécifiques tels que :
- l'identification de l'appartenance (ou non) d'une carte à un ensemble (atlas, collection cartographique, série cartographique),
- la description de métadonnées propres aux cartes (échelle, projection, coordonnées géographiques),
- l'utilisation de normes spécifiques comme l'AFNOR Z 44-067 pour les documents cartographiques.
L'objectif principal du traitement est de rendre les cartes facilement repérables, accessibles et utilisables pour les usagers, tout en préservant leur intégrité et en fournissant toutes les informations nécessaires à leur compréhension et leur utilisation.
Voyons un peu plus en détails ces 3 points ci-dessous.
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Identifier l'appartenance de la carte à un ensemble
Pour traiter une carte, il faut déjà s'assurer si elle appartient ou non à un ensemble plus large. En effet, une carte peut faire partie de l'un des trois types d'ensembles suivants :
- un atlas, comme par exemple l'atlas des cartes de l'anthropocène de l'IGN (Institut national de l'information géographique et forestière),
- une collection cartographique, comme par exemple les plans de ville poche Blay-Foldex,
- une série cartographique (détaillée dans l'exemple ci-dessous).
Exemple de carte appartenant à une série cartographique
La carte à gauche fait partie d'une série de cartes au 1:100 000 couvrant Madagascar. Elle est répertoriée en tant que feuille N°294 dans le tableau d'assemblage à droite. Chaque feuille du tableau représente une portion du territoire total couvert par la série.
Carte d'Antsirabe (feuille N° 294) appartenant à une série cartographique composée de nombreuses feuilles identifiées dans le tableau d'assemblage ci-contre
Tableau d'assemblage de la carte au 1:100 000 de Madagascar. Source : Nakala
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Comment identifier l'appartenance d'une carte à un ensemble ?
On peut utiliser des outils tels que :
- les catalogues collectifs (par exemple Cartomundi, Sudoc),
- questionner les réseaux documentaires spécialisés (par exemple Géoréseau) afin de s’y retrouver,
- ou bien consulter les tableaux d'assemblage pour les séries cartographiques.
Il est crucial d'identifier à quelle catégorie appartient une carte, car cela influence la façon dont elle sera cataloguée et les métadonnées qui lui seront associées.
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Décrire les métadonnées classiques et mathématiques
Les métadonnées sont les informations qui décrivent et contextualisent le document cartographique. On peut distinguer les métadonnées classiques (les principales caractéristiques éditoriales du document) et les métadonnées mathématiques (propres aux cartes).
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Métadonnées classiques
Il s'agit de dater, relever les fonctions de responsabilités, indexer la thématique, l’espace géographique, et indiquer d’éventuels documents d’accompagnement.
Exemples de métadonnées classiques
Dates
Définir les dates. Donner une estimation si ce n’est pas clairement précisé.
Surveyed 1937 og 1947-48. Corrected 1951 Geodetic Institute. Copenhagen 1955
Thème
Indiquer le thème de la carte, ainsi que les documents qui peuvent l’accompagner.
Responsabilités
Caractériser les responsabilités.
Gravé par C.E. Collin - Écrit par J.M. Hacq.- La vue gravée par Nyon.
Métadonnées mathématiques
Il s'agit d'identifier les métadonnées propres aux documents cartographiques : échelle, projection, coordonnées géographiques.
Exemples de métadonnées mathématiques
Donner l’échelle de la carte. La calculer, même de façon approximative, si elle n’est pas clairement mentionnée.
Indiquer la projection (obligatoire pour géoréférencer).
Système géodésique RGF93. Ellipsoïde IAG-GRS80. Projection conique conforme de Lambert (Lambert-93).
Géoréférencer une carte scannée pour l’intégrer dans un SIG.
Définir l’emprise spatiale représentée par la carte : les limites de la carte, par rapport au méridien international.
L'emprise spatiale de cette image correspond à un rectangle délimité par les coordonnées géographiques indiquées sur les bords de la carte : la latitude va de N 40°30' à N 40°35', la longitude va de E 22°40' à E 23°.
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Voici un autre exemple de métadonnées d'une carte de la Pointe de Cà Mau (Indochine). Les métadonnées classiques et mathématiques ont été réparties dans deux onglets pour mieux les différencier.
Exemples de métadonnées classiques
- Source : Regards
- Collection : Fonds de l'Indochine Française du Centre IST REGARDS-CNRS
- Titre : Carte de l'Indochine : Pointe de Cà Mau est : feuille n°244E
- Créateur : Service Géographique de l'Indochine
- Date de création : 1952-07
- Type : Carte topographique
- Couverture : Vietnam - Cà Mau
- Sujet : ville, route, végétation, relief, télégraphe
- Description : Carte de la Pointe de Cà Mau, partie est, dressée, dessinée et publiée par le Service Géographique de l'Indochine, d'après les cartes marines et les documents du service du Cadastre et les renseignements du Chef de Province, mise à jour avec des photos aériennes en 1952. Réédition de juillet 1952, édition provisoire d'une coupure spéciale...
- Langue : français
Exemples de métadonnées mathématiques
- Échelle : 1:100000
- Taille de l'image : 5112, 7332
- Medium : Projection de Bonne
- Géolocalisation :
- Point (lat, lon) : 8.738182067871094, 105.23600769042969
- Point (DMS) : 8d 44' 17", 105d 14' 9"
- Point UTM (x,y) : N48 (525958.9993593334, 965914.6419740514)
- Emprise :
- [105.0660629272461, 8.964545249938965]
- [105.40596008300781, 8.964545249938965]
- [105.40596008300781, 8.511817932128906]
- [105.0660629272461, 8.511817932128906]
- [105.0660629272461, 8.964545249938965]
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Comment traiter les métadonnées mathématiques ?
Pour de nombreux cas, notamment les cartes anciennes, le résultat passe par des calculs, conversions et autres recherches. Des outils spécifiques, présentés ci-dessous, sont là pour aider.
Les index géographiques
Ce sont des bases de données qui répertorient des noms de lieux avec leurs coordonnées géographiques et d'autres informations. Ils permettent d'identifier précisément les lieux mentionnés sur une carte, ce qui est particulièrement utile pour les cartes historiques où les noms de lieux ont pu changer.
Exemple d'outil : GeoNames
Les globes virtuels
Ce sont des représentations numériques de la Terre qui permettent de visualiser et d'interagir avec des données géographiques. Ils aident à déterminer l'étendue géographique d'une carte et à visualiser la zone couverte, facilitant la comparaison entre une carte ancienne et la géographie actuelle.
Exemple d'outil : Boundingbox
Les convertisseurs en ligne
Ces outils permettent de convertir des données cartographiques d'un format à un autre. Ils sont utiles pour convertir des coordonnées entre différents systèmes (par exemple, du système international WGS84 au système français RGF93 / Lambert-93), ou pour convertir des échelles, ce qui est essentiel pour standardiser les données de cartes provenant de différentes époques ou utilisant différents systèmes.
Exemple d'outil : EPSG.io
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Un point important à retenir est que la description des métadonnées doit suivre une norme ou un standard, qui peut varier suivant vos objectifs ou l'outil utilisé pour le catalogage. C'est ce que nous allons maintenant aborder.
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Utiliser des normes / standards spécifiques
Les normes (ou standards) sont un ensemble de règles et de recommandations qui guident les professionnels dans la description et la gestion des documents cartographiques. Elles sont très importantes car elles assurent la cohérence dans la description des documents, facilitent l'échange et l'interopérabilité des données, et permettent une meilleure recherche et accessibilité des documents pour les utilisateurs.
Parmi les principales normes utilisées, on trouve notamment :
- l'AFNOR Z 44-067,
- le code de catalogage RDA-FR,
- l'ISAD(G) et l'EAD,
- les Dublin Core Terms,
- et diverses normes ISO (notamment ISO 19115).
Chacune de ces normes a ses spécificités et son domaine d'application privilégié.
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Exemple de métadonnées Dublin Core
Les données déposées sur l'entrepôt Nakala suivent un schéma de description, composé de propriétés "maison" ainsi que de propriétés issues de Dublin Core.
L'exemple ci-dessous montre la description de la carte topographique de la Forêt de Marly disponible sur Nakala. On y trouve les propriétés maison (propriétés "nakala") et celles de Dublin Core (propriétés "dcterms").
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