Résumé de section

  • Cette formation a été conçue dans le cadre du consortium ImaGEO labellisée par la TGIR Huma-Num. Elle aborde les étapes clés du traitement et de la numérisation des fonds cartographiques, selon des normes spécifiques. Elle couvre l'identification, la description des métadonnées et les calculs nécessaires pour les données géographiques. Vous apprendrez également à préparer un cahier des charges pour la numérisation et à choisir des solutions de diffusion adaptées aux besoins des utilisateurs.

    Cette formation fait suite au cours d'introduction au monde des cartes.


    Objectifs
    • Connaître les différentes étapes du traitement d’un fonds cartographique en vue d’une valorisation numérique.
    • Avoir des notions méthodologiques qui permettent d’effectuer un choix, en fonction de ses objectifs, en termes de type de traitement et de type d’outils de diffusion.

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    • Auteur(s) / Formateur(s): Caroline Abela - Centre de Diffusion Scientifique Regards | CNRS UMR Passages, Philippe Laymond - SCD Université Bordeaux Montaigne, Julien Baudry - Pôle Collections Remarquables et Patrimoine Scientifique | SCD Université Bordeaux Montaigne
      Production cours: Viet Jeannaud - Fondation Callisto
      Public cible: Personnes ayant la gestion ou l’accès à un fonds cartographique
      Date de publication: 5 février 2024
      Durée estimée: 40 minutes
      Prérequis: Autoformation "Introduction au monde des cartes" conseillée
      Licence: CC BY-NC-SA
      Citation: Baudry, J., Abela, C., & Laymond, P. Valorisation numérique de collections cartographiques : du traitement à la diffusion (Version 1). Callisto.
      DOI: https://doi.org/10.60538/valorisation-collections-cartographiques
      Open badge: Non
      Nombre d'inscrits: 8

  • Le traitement documentaire est une étape fondamentale dans la gestion et la valorisation des collections cartographiques, permettant d'identifier, d'organiser et de décrire précisément chaque document. Nous abordons ici l'identification des ensembles cartographiques, la description des métadonnées spécifiques et l'application des normes adaptées aux documents cartographiques.

    15 minutes de lecture

    • Le traitement documentaire est un ensemble d'opérations effectuées sur un document (ou une collection de documents) pour les décrire, les analyser et les organiser de manière à faciliter leur identification, leur recherche et leur utilisation.

      Il comprend généralement les étapes suivantes :

      1. Catalogage : description bibliographique du document (titre, auteur, date, etc.).
      2. Indexation : attribution de mots-clés ou de codes pour décrire le contenu du document.
      3. Classification : organisation des documents selon un système de classement prédéfini.
      4. Analyse documentaire : résumé ou synthèse du contenu du document.
      5. Gestion des métadonnées : enregistrement d'informations supplémentaires sur le document (format, taille, droits d'auteur, etc.).
    • Le traitement documentaire des collections cartographiques inclut des éléments spécifiques tels que :

      L'objectif principal du traitement est de rendre les cartes facilement repérables, accessibles et utilisables pour les usagers, tout en préservant leur intégrité et en fournissant toutes les informations nécessaires à leur compréhension et leur utilisation.

      Voyons un peu plus en détails ces 3 points ci-dessous.

    • Identifier l'appartenance de la carte à un ensemble

      Pour traiter une carte, il faut déjà s'assurer si elle appartient ou non à un ensemble plus large. En effet, une carte peut faire partie de l'un des trois types d'ensembles suivants :

      Exemple de carte appartenant à une série cartographique

      La carte à gauche fait partie d'une série de cartes au 1:100 000 couvrant Madagascar. Elle est répertoriée en tant que feuille N°294 dans le tableau d'assemblage à droite. Chaque feuille du tableau représente une portion du territoire total couvert par la série.

      Description dans la légende ci-dessous.

      Carte d'Antsirabe (feuille N° 294) appartenant à une série cartographique composée de nombreuses feuilles identifiées dans le tableau d'assemblage ci-contre

      Tableau d'assemblage de la carte au 1:100 000 de Madagascar. Source : Nakala

    • Comment identifier l'appartenance d'une carte à un ensemble ?

      On peut utiliser des outils tels que :

      • les catalogues collectifs (par exemple Cartomundi, Sudoc), 
      • questionner les réseaux documentaires spécialisés (par exemple Géoréseau) afin de s’y retrouver, 
      • ou bien consulter les tableaux d'assemblage pour les séries cartographiques.

      Il est crucial d'identifier à quelle catégorie appartient une carte, car cela influence la façon dont elle sera cataloguée et les métadonnées qui lui seront associées.

    • Décrire les métadonnées classiques et mathématiques

      Les métadonnées sont les informations qui décrivent et contextualisent le document cartographique. On peut distinguer les métadonnées classiques (les principales caractéristiques éditoriales du document) et les métadonnées mathématiques (propres aux cartes).

    • Métadonnées classiques

      Il s'agit de dater, relever les fonctions de responsabilités, indexer la thématique, l’espace géographique, et indiquer d’éventuels documents d’accompagnement.

      Exemples de métadonnées classiques

      Dates

      Définir les dates. Donner une estimation si ce n’est pas clairement précisé.

      Description dans la légende.

      Surveyed 1937 og 1947-48. Corrected 1951 Geodetic Institute. Copenhagen 1955


      Thème

      Indiquer le thème de la carte, ainsi que les documents qui peuvent l’accompagner.


      Responsabilités

      Caractériser les responsabilités.

      Description dans la légende.

      Gravé par C.E. Collin - Écrit par J.M. Hacq.- La vue gravée par Nyon.

      Métadonnées mathématiques

      Il s'agit d'identifier les métadonnées propres aux documents cartographiques : échelle, projection, coordonnées géographiques.

      Exemples de métadonnées mathématiques

      Échelle

      Donner l’échelle de la carte. La calculer, même de façon approximative, si elle n’est pas clairement mentionnée.


      Projection

      Indiquer la projection (obligatoire pour géoréférencer).

      Description dans la légende.

      Système géodésique RGF93. Ellipsoïde IAG-GRS80. Projection conique conforme de Lambert (Lambert-93).


      Géoréférencement

      Géoréférencer une carte scannée pour l’intégrer dans un SIG.


      Emprise spatiale

      Définir l’emprise spatiale représentée par la carte : les limites de la carte, par rapport au méridien international.

      Description dans la légende.

      L'emprise spatiale de cette image correspond à un rectangle délimité par les coordonnées géographiques indiquées sur les bords de la carte : la latitude va de N 40°30' à N 40°35', la longitude va de E 22°40' à E 23°.

    • Voici un autre exemple de métadonnées d'une carte de la Pointe de Cà Mau (Indochine). Les métadonnées classiques et mathématiques ont été réparties dans deux onglets pour mieux les différencier.

      Exemples de métadonnées classiques
      • Source : Regards
      • Collection : Fonds de l'Indochine Française du Centre IST REGARDS-CNRS
      • Titre : Carte de l'Indochine : Pointe de Cà Mau est : feuille n°244E
      • Créateur : Service Géographique de l'Indochine
      • Date de création : 1952-07
      • Type : Carte topographique
      • Couverture : Vietnam - Cà Mau
      • Sujet : ville, route, végétation, relief, télégraphe
      • Description : Carte de la Pointe de Cà Mau, partie est, dressée, dessinée et publiée par le Service Géographique de l'Indochine, d'après les cartes marines et les documents du service du Cadastre et les renseignements du Chef de Province, mise à jour avec des photos aériennes en 1952. Réédition de juillet 1952, édition provisoire d'une coupure spéciale...
      • Langue : français
      Exemples de métadonnées mathématiques
      • Échelle : 1:100000
      • Taille de l'image : 5112, 7332
      • Medium : Projection de Bonne
      • Géolocalisation :
        • Point (lat, lon) : 8.738182067871094, 105.23600769042969
        • Point (DMS) : 8d 44' 17", 105d 14' 9"
        • Point UTM (x,y) : N48 (525958.9993593334, 965914.6419740514)
      • Emprise :
        • [105.0660629272461, 8.964545249938965]
        • [105.40596008300781, 8.964545249938965]
        • [105.40596008300781, 8.511817932128906]
        • [105.0660629272461, 8.511817932128906]
        • [105.0660629272461, 8.964545249938965]
    • Comment traiter les métadonnées mathématiques ?

      Pour de nombreux cas, notamment les cartes anciennes, le résultat passe par des calculs, conversions et autres recherches. Des outils spécifiques, présentés ci-dessous, sont là pour aider.

      Les index géographiques

      Ce sont des bases de données qui répertorient des noms de lieux avec leurs coordonnées géographiques et d'autres informations. Ils permettent d'identifier précisément les lieux mentionnés sur une carte, ce qui est particulièrement utile pour les cartes historiques où les noms de lieux ont pu changer.

      Exemple d'outil : GeoNames

      Les globes virtuels

      Ce sont des représentations numériques de la Terre qui permettent de visualiser et d'interagir avec des données géographiques. Ils aident à déterminer l'étendue géographique d'une carte et à visualiser la zone couverte, facilitant la comparaison entre une carte ancienne et la géographie actuelle.

      Exemple d'outil : Boundingbox

      Les convertisseurs en ligne

      Ces outils permettent de convertir des données cartographiques d'un format à un autre. Ils sont utiles pour convertir des coordonnées entre différents systèmes (par exemple, du système international WGS84 au système français RGF93 / Lambert-93), ou pour convertir des échelles, ce qui est essentiel pour standardiser les données de cartes provenant de différentes époques ou utilisant différents systèmes.

      Exemple d'outil : EPSG.io

    • Un point important à retenir est que la description des métadonnées doit suivre une norme ou un standard, qui peut varier suivant vos objectifs ou l'outil utilisé pour le catalogage. C'est ce que nous allons maintenant aborder.

    • Utiliser des normes / standards spécifiques

      Les normes (ou standards) sont un ensemble de règles et de recommandations qui guident les professionnels dans la description et la gestion des documents cartographiques. Elles sont très importantes car elles assurent la cohérence dans la description des documents, facilitent l'échange et l'interopérabilité des données, et permettent une meilleure recherche et accessibilité des documents pour les utilisateurs.

      Parmi les principales normes utilisées, on trouve notamment :

      Chacune de ces normes a ses spécificités et son domaine d'application privilégié.

    • Exemple de métadonnées Dublin Core

      Les données déposées sur l'entrepôt Nakala suivent un schéma de description, composé de propriétés "maison" ainsi que de propriétés issues de Dublin Core.

      L'exemple ci-dessous montre la description de la carte topographique de la Forêt de Marly disponible sur Nakala. On y trouve les propriétés maison (propriétés "nakala") et celles de Dublin Core (propriétés "dcterms").

      Propriété Type Langue Valeur
      nakala:title xsd:string Français Carte topographique de la Forêt de Marly par La Seigne
      nakala:creator Anonyme
      nakala:created xsd:string 1768
      nakala:type xsd:anyURI Image
      nakala:license xsd:string Etalab Open License 2.0
      dcterms:contributor xsd:string Français LABOULAIS Isabelle, orcid: 0000-0002-1987-3376
      dcterms:description xsd:string Français Carte topographique de la forest de Marly avec ses environs, levée géométriquement en 1768 et 1769, par Laseigne, Géographe des Bâtiments du Roi ; Gravée par Dupuis ; écrite par Droüet.
      dcterms:issued xsd:string Français 2004-10-04
      dcterms:publisher xsd:string Français Université de Strasbourg
    • Maintenant que nous avons exploré les principes du traitement documentaire des fonds cartographiques, nous pouvons aborder l'étape suivante dans leur valorisation : la numérisation. 

      Ce processus de numérisation s'appuie directement sur le travail méticuleux de traitement documentaire que nous venons d'étudier. En effet, les métadonnées structurées selon des normes ou standards joueront un rôle crucial dans l'organisation, l'identification et l'accessibilité des documents numérisés. Passons donc à présent aux étapes concrètes pour transformer ces documents physiques en ressources numériques tout en préservant leur intégrité et leur contexte documentaire.

  • La numérisation des fonds cartographiques est importante pour préserver et rendre accessibles des documents souvent uniques et fragiles. Voyons les étapes essentielles de ce processus, de la préparation initiale au contrôle qualité final, en passant par la planification et la réalisation de la numérisation.

    10 minutes de lecture

    • Préparation initiale

      Avant toute démarche de numérisation, certaines étapes du traitement documentaire doivent être achevées :

      • Réaliser un inventaire complet du fonds ;
      • Effectuer un classement des documents ;
      • Attribuer un identifiant unique (ou cote) à chaque item destiné à la numérisation.

      Pour illustrer ceci, voici une représentation visuelle de la structure hiérarchique d'un fonds cartographique de la Guyane. L'arborescence et les identifiants montrent une organisation en différents niveaux de classification, du fonds principal jusqu'aux sous-catégories spécifiques (ici en cohérence avec le standard de description utilisé : l'EAD).

      📁 Fonds Guyane (FR_R_GUF_Q1)
      Cartes anciennes (FR_R_GUF_Q1_01) └── (Contenu des cartes anciennes)
      Cartes administratives (FR_R_GUF_Q1_02)
      Cartes administratives au 1:100.000 (FR_R_GUF_Q1_02_01) └── (Liste des cartes au 1:100.000)
      └── (Autres échelles de cartes administratives)
      └── (Autres catégories de cartes)

      Cette structure permet :

      • Un inventaire clair et organisé
      • Un classement logique et hiérarchique
      • Une identification unique pour chaque niveau de la collection

      Ce système facilite la gestion, le repérage et la numérisation des documents en offrant une structure cohérente et évolutive.

    • Restauration des cartes

      Il peut être nécessaire de restaurer des cartes avant numérisation. Les scanners impliquent souvent de faire passer la carte entre deux « plaques » (aller/retour).

      La restauration peut inclure la réparation des bords, le doublage papier, l'effacement des pliures, le nettoyage de parties collantes, etc.

      Personne en train de restaurer une carte ancienne abîmée.

      Crédit photo : Philippe Laymond - CC BY-SA


      Ce travail peut être externalisé dans un atelier de restauration de documents patrimoniaux (par exemple les ateliers de la BnF). Dans certains contextes de travail on va établir des « constats d’état » avant numérisation, pour éviter tout litige.

    • Quantification du fonds à numériser

      À cette étape, on peut aussi quantifier précisément le fonds à numériser. Cette évaluation peut se faire de deux manières : en comptant le nombre de documents individuels et en mesurant la taille de chaque carte.

      Cette quantification est particulièrement importante si le prestataire base sa tarification sur le volume à traiter. En ayant une estimation précise de l'ampleur du fonds, que ce soit en nombre de pièces ou en volume, il est possible d'évaluer plus efficacement le coût global de l'opération de numérisation et planifier adéquatement les ressources nécessaires.

      Tiroir contenant plusieurs cartes.

      Crédit photo : Caroline Abela - CC BY-SA

    • Élaboration d'un cahier des charges

      Que l’on s’adresse à un service interne ou à un prestataire, il est nécessaire d’élaborer un document de suivi ou cahier des charges qui détermine :

      • la liste des items à numériser, 
      • leur état, 
      • le format numérique et la résolution attendus, 
      • le support d’enregistrement, 
      • le nommage des fichiers.

      Ci-dessous un exemple de cahier des charges pour un projet de numérisation, montrant comment les différents éléments à numériser sont listés et comment leur progression est suivie tout au long du processus.

      Exemple de cahier des charges pour la numérisation de documents cartographiques
      Fichier brut (scan) Niveau (plan de classification) Titre Traité par N° inventaire Contrôle qualité Fichier image renommé
      Niger 1 <collection> Niger : Cartes anciennes CL 1 Oui FR_R_NER_D04_01
      Niger 2
      <série> Niger : Cartes anciennes au 1:500.000 CL 2 Oui FR_R_NER_D04_01_01
      Niger 3
      <item> Mission de Timbuktu N°1 CL 3 Non FR_R_NER_D04_01_01_01
      Niger 4
      <item> Mission de Timbuktu N°2 CL 4 Non FR_R_NER_D04_01_01_02
    • Une fois le cahier des charges établi et le processus de numérisation lancé, le travail est loin d'être terminé.

      En effet, la transformation des documents cartographiques en fichiers numériques n'est que la première étape d'un processus plus large. Après avoir suivi méticuleusement les spécifications définies dans le cahier des charges, il faut s'assurer que le résultat final répond aux attentes et aux normes de qualité.

      C'est pourquoi les étapes qui suivent la numérisation proprement dite sont tout aussi importantes que le processus lui-même. Penchons-nous maintenant sur ces étapes essentielles que sont la sauvegarde des fichiers numériques et le contrôle qualité, garantissant la pérennité et l'utilisabilité des collections numérisées.

    • Post-numérisation : sauvegarde et contrôle qualité

      Une fois la numérisation des documents cartographiques achevée, deux opérations s'imposent pour garantir la pérennité et l'utilisabilité de la collection numérique : la sauvegarde des fichiers et le contrôle qualité. Ces étapes sont essentielles pour assurer que le travail de numérisation n'a pas été vain et que les documents numérisés seront accessibles et utilisables à long terme.

    • Réception et sauvegarde des fichiers numériques
      Réception des lots numérisés
      • Vérification des documents physiques retournés
      • Réception des fichiers numériques correspondants
      Sauvegarde des fichiers numériques
      • Mise en place d'une stratégie de sauvegarde robuste
      • Création de copies de sécurité sur différents supports
    • Contrôle qualité

      Le contrôle qualité est un processus rigoureux qui comprend plusieurs aspects :

      • Vérification de l'intégrité du fonds

        S'assurer que tous les documents prévus ont été numérisés et vérifier la correspondance entre les documents physiques et numériques.

      • Renommage des fichiers

        Vérifier que les fichiers sont nommés selon les conventions établies et effectuer les corrections nécessaires si besoin.

      • Évaluation de la qualité de numérisation

        Contrôler la résolution, la netteté, la fidélité des couleurs et vérifier l'absence de défauts comme les plis, ombres ou distorsions.

      • Vérification de la conformité des formats

        S'assurer que les formats utilisés sont conformes aux spécifications et aux principes FAIR. Utiliser des outils comme facile.cines.fr pour la vérification.

    • Maintenant que nous avons exploré en détail les étapes de la numérisation de fonds cartographique, de la préparation initiale au contrôle qualité final, une dernière question se pose : que faire de ces ressources numériques fraîchement créées ?

      La numérisation n'est en effet que le début d'un nouveau chapitre dans la vie des documents cartographiques. L'étape suivante, tout aussi importante, est de les rendre accessibles et utiles au public. C'est là qu'entre en jeu la diffusion des fonds numérisés.

  • Dans cette dernière section, nous allons découvrir les différentes possibilités pour partager et valoriser une collection cartographique numérique ou numérisée. De la simple bibliothèque en ligne aux plateformes de recherche dynamiques, en passant par les bases de données spécialisées, chaque option de diffusion ouvre de nouvelles perspectives d'utilisation et de découverte pour les usagers.

    15 minutes de lecture

    • Comme nous l'avons vu en début de cours, le traitement est le travail de fond qui prépare les documents à être utilisés et partagés (préparation des documents, choix des métadonnées, indexation).

      Une fois traités et numérisés, ces documents peuvent finalement être rendus accessibles au public via différentes plateformes ou méthodes que nous allons voir maintenant.

    • Des usages au cahier des charges

      Comme dans tout projet de mise en ligne de collections numérisées, il est essentiel de se poser, dès le départ, la question des usages attendus de la collection numérisée par le public. Pour vous guider dans cette étape, voici une série de questions dont les réponses détermineront une bonne partie des choix de traitement, de métadonnées et de fonctionnalités, que vous ferez.

      Sur le public visé

      À quel public vous adressez-vous en premier lieu ? Un public de chercheurs, d’étudiants, d’amateurs curieux, de scolaires… ? Identifiez les usages des cartes numérisées propres à ce public.

      Sur les types d’accès au document
      • À quoi accède l’usager ? Au document (dans quel format, avec téléchargement ou non) ? Aux métadonnées du document (avec possibilités d’export) ?
      • L’accès est-il direct ? Le statut juridique des documents oblige-t-il à un accès sur authentification avec création de compte ou contrôle d’accès ?
      • Qu’est-ce que l’usager peut faire avec les documents une fois téléchargés ? Les documents sont-ils enrichis par des métadonnées ou des informations spécifiques (océrisation, ajout de coordonnées géographiques…) ?
      Sur le cheminement de l’usager sur le site
      • Est-ce que l’usager accède en priorité à des documents individuels (cartes monographiques) ou à des séries ?
      • Par quels cheminements l’usager peut arriver à un document donné ? Recherche simple ou avancée, liste ou index pré-établie, recherche cartographique (imaginer des scénarios qui se traduisent en cheminement de recherche) ?
      Sur des services supplémentaires

      Trouve-t-on un contenu éditorial et scientifique, des expositions virtuelles, des outils participatifs, des superpositions/comparaisons avec des cartes contemporaines ?


      Déterminer les réponses à ces questions vous permettra de préparer au mieux votre traitement. Par exemple :

      • Si vous souhaitez que l’usager puisse rechercher par coordonnées géographiques, il faut que ces coordonnées fassent partie des métadonnées des documents.
      • Si vous visez plutôt un public de chercheurs, interrogez-vous sur la possibilité d’intégrer vos cartes à des systèmes d’information géographique, et sur les fonctionnalités pertinentes pour la recherche scientifique.
      • Si vous prévoyez une exposition virtuelle, renseignez-vous sur les outils, gratuits ou payants, qui permettent de déployer ce type de visualisation.

      La réponse apportée peut prendre la forme d’un cahier des charges décrivant, de la façon la plus précise possible, ce que vous attendez de l’outil de diffusion de vos cartes numérisées. Quelle que soit la solution de production retenue (développement interne ou externalisation), ce cahier des charges vous sera utile.

    • Identifier ce qui relève des “besoins” et ce qui relève des “solutions” pour un cahier des charges

      Pour la rédaction de votre cahier des charges, il est important de rester focalisé sur vos besoins, et non sur les solutions techniques qui peuvent varier selon les outils et contextes. En guise d'entraînement, voici une série de quatre questions vous permettant d'identifier des exemples de besoins et de solutions.

    • Les 4 grandes modalités de diffusion des cartes

      On peut identifier 4 grandes modalités de diffusion pour des cartes numériques ou numérisées : 

      • une bibliothèque numérique
      • une plateforme de recherche cartographique dynamique
      • une base de donnée par série
      • un entrepôt de données

      Chacune de ces modalités correspond à un type d’usage attendu par les usagers, et à des logiciels et métadonnées différentes. Voici quelques exemples détaillés ci-dessous.

    • Entraînez-vous à identifier les sites de diffusion

      Examinez ces sites de diffusion de cartes et rangez-les dans la modalité qui leur correspond.


      Voir la correction détaillée
      • Les sites de la Cartothèque de l'Université de Strasbourg et de la collection David Rumsey sont des bibliothèques numériques : elles permettent d'accéder à des documents uniques par un moteur de recherche textuel ou des regroupements thématiques. Chaque carte a sa propre notice.
      • Les sites de la National Library of Scotland et de Old Maps Online sont aussi adossés à des bibliothèques numériques, mais permettent de les explorer par une recherche cartographique, en naviguant dans l'espace et dans le temps sur leur interface.
      • L'Ifremer a choisi de diffuser les données cartographiques qu'il produit dans un entrepôt personnalisé. Elles sont téléchargeables par ensemble correspondant à des campagnes scientifiques, avec parfois des interfaces de recherche cartographiques.
      • La recherche dans le cadastre napoléonien des archives de la Côté d'Or se fait sur le modèle d'une base de données où chaque carte est rangée dans la série qui correspond au nom de la commune. On cherche une carte numérisé en naviguant dans l'arborescence.
    • Dissémination des métadonnées et des documents

      L’environnement du Web et des Humanités Numériques encourage l’interopérabilité et la libre dissémination des données : faire en sorte qu’un même document soit visible via différentes plateformes.

      Pour illustrer ceci, voici un exemple schématisant le processus de l'Université Bordeaux Montaigne.

    • Du traitement à la diffusion - Vue complète
      Du traitement à la diffusion - Processus de l'Université Bordeaux Montaigne

      ← Faites défiler l'image →

    • Pour favoriser une diffusion selon les principes FAIR, on pensera notamment :

      • au moissonnage OAI-PMH (un protocole qui permet la collecte automatique des métadonnées entre différentes plateformes) ;
      • à la standardisation des formats de métadonnées (pour garantir que tous les documents sont décrits de manière uniforme et compréhensible par différents systèmes) ;
      • aux identifiants pérennes (par exemple DOI, ARK… qui attribuent une référence unique et stable dans le temps à chaque document, assurant ainsi qu'il reste toujours retrouvable même si son emplacement change.) ;
      • aux licences de réutilisation (pour définir clairement les conditions dans lesquelles les documents peuvent être réemployés).
    • Et après ?

      Le cycle de vie de vos cartes numérisées ne s’arrête pas une fois diffusées : cette valorisation peut permettre la mise en place de nouveaux projets scientifiques ou pédagogiques, ou de nouveaux partenariats. Un suivi est nécessaire, parfois simplement en laissant un contact ou un formulaire.

  • Cette formation vous a donné les connaissances de base pour commencer un projet de valorisation numérique de votre fonds cartographique. Il s’agit d’une introduction : n’oubliez pas que chaque projet est unique et comporte des enjeux qui lui sont propres. À vous d’adapter vos choix aux besoins et opportunités spécifiques de votre établissement ou de votre collection. Consulter les sites d’autres établissements diffusant des cartes numérisées avec les mêmes objectifs que vous est le meilleur moyen de trouver des idées et de faire des choix.

    • Approfondissements et conseils

      Pour approfondir votre projet, les auteurs de cette formation sont disponibles pour échanger et vous donner des conseils personnalisés. Vous pouvez nous contacter via l’adresse mail centre-ist-regards@cnrs.fr en spécifiant bien l’état de votre projet et de votre fonds cartographique.

      Si vous avez déjà numérisé vos cartes et souhaitez les voire apparaître dans l’interface Navigae, merci de vous adresser à contact@navigae.fr.

  • Cette auto-formation sur la valorisation numérique de collections cartographiques est maintenant terminée. Vous pouvez si vous le souhaitez poser vos questions ou faire vos remarques dans le forum dédié ci-dessous.